Les événements qui ont conduit à la chute des présidents Ben Ali et Moubarak font apparaître la fin d’un modèle de gouvernance dans le monde arabe – celui de la stabilité autoritaire. La plupart de ces régimes autoritaires existent sous une forme ou sous une autre depuis les indépendances (en gros soixante ans pour les plus anciens).
Ce modèle arrangeait globalement les pouvoirs occidentaux qui, dès le milieu des années 1980, y voyaient un rempart contre l’islamisme radical. A l’intérieur de ces pays, le pouvoir était conforté par l’appui international dont il bénéficiait (souvent et au premier chef celui des Etats-Unis) et par le pacte social qui assurait la croissance de l’économie, l’emploi et l’émergence d’une classe moyenne. La guerre civile algérienne a renforcé ce statu quo, de même que les attentats du 11 septembre 2001, après lesquels les Etats-Unis ont donné un blanc-seing implicite aux pouvoirs arabes pour renforcer leurs systèmes répressifs sans être trop regardants sur qui en était la victime. Pendant cette période, la parodie démocratique des élections à 90% de voix et plus pour le leader ou son parti permettait de passer sous silence l’immobilisme politique et l’absence de libertés publiques.
Les "révolutions arabes" ont mis en cause ces fondamentaux. Ce dossier d'actualité propose une sélection de documents pour faciliter l'analyse de ces événements et de leurs possibles implications régionales et internationales.