La guerre en Géorgie, suscitant de vifs échanges de griefs entre Moscou et Washington et entraînant la suspension des activités du Conseil OTAN-Russie, aura révélé et aggravé la force des incompréhensions bilatérales. Le sommet de Moscou va permettre d’évaluer jusqu’à quel point les deux pays ont la possibilité de dépasser le bagage d’acrimonie accumulé depuis la fin de la Guerre froide, et effectivement « redémarrer » (reset) leur partenariat, ainsi que l’a souhaité Joe Biden.
La teneur de la première rencontre entre les deux dirigeants, à Londres lors du G20 en avril 2009, avait de ce point de vue semblé plutôt rassurante quant à la volonté mutuelle d’améliorer les relations – avec l’annonce du lancement de négociations sur un nouvel accord de désarmement nucléaire, en vue de l’expiration du traité Start-1 en décembre 2009. Dans son message à Barack Obama à l’occasion de la Fête nationale américaine le 4 juillet, le président Medvedev a dit espérer « sincèrement que par nos efforts conjoints, en agissant dans un esprit de respect mutuel et de confiance, nous parviendrons à donner au partenariat russo-américain la dynamique nécessaire, à le porter à un niveau qualitativement nouveau répondant aux intérêts de nos Etats et de toute la communauté internationale ». Le président américain se dit soucieux, quant à lui, d’établir un partenariat d’égal à égal avec la Russie.
A l’agenda du sommet, outre le désarmement nucléaire, devraient figurer les propositions russes sur un nouveau traité de sécurité euro-atlantique, les enjeux de sûreté nucléaire, la non-prolifération, l’Afghanistan, le Proche-Orient, la crise financière et économique globale…
Malgré l’esprit de détente qui a entouré la préparation du sommet, la réalité est que les visions respectives des deux parties sur l’ordre international demeurent sensiblement différentes, parfois même sur des sujets où elles reconnaissent l’existence d’intérêts communs (Afghanistan, prolifération, lutte contre le terrorisme…). Ces intérêts partagés ne suffisent en fait pas à compenser le caractère ténu des échanges économiques (le commerce bilatéral demeure réduit malgré une certaine progression récente) et sur le plan humain, sans parler des difficultés que les évolutions internes à la Russie posent à l’administration Obama. En tout état de cause, Moscou, qui doute, dans le fond, de la capacité des Etats-Unis à renoncer aux accents « missionnaires » de leur politique étrangère, et qui souffre toujours du déséquilibre fort de puissance entre les deux Etats, entend mettre l’administration américaine à l’épreuve…